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Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1778.djvu/123

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DE SUZON.


l’année à faire du filet ou des nœuds : que ce travail n’occuppoit que les doigts & laiſſoit l’eſprit dans une inaction inſupportable. Pour moi, dis-je, j’aime celles de mon ſexe que je vois occupées, ſoit à deſſiner ou à peindre, ſoit à faire de la muſique.

Aimeriez-vous la muſique, me dit le Pere Hercule ? Oui, mon Révérend, & même avec paſſion. J’ai toujours deſiré de l’apprendre, mes affaires m’ont empêché juſqu’à ce jour de m’y livrer. Madame Marcelle dit qu’elle regardoit cet art comme très-innocent, qu’elle me propoſeroit même de l’étudier avec moi, ſi ſon âge ne lui faiſoit regarder cette entrepriſe comme une folie de ſa part ; qu’il n’en étoit pas de même de moi, & que je devois me ſatisfaire.

Mon amant qui étoit bien aiſe de trouver une occaſion de me faire plaiſir, prit auſſi-tôt la parole & me dit qu’il m’enverroit l’Organiſte de ſon Couvent : qu’il étoit très-bon muſicien, qu’il jouoit ſupérieurement du