mort ſubite m’enleva la veille du jour qu’il avoit deſtiné pour me faire une rente viagere de mille écus. Ses parens, qui ne ſoupiroient qu’après ſa ſucceſſion, me donnerent à peine le temps d’emporter mes effets, & me renvoyerent avec le peu que j’avois.
J’appris heureuſement, dans ce temps-là, qu’un Baladin de deſſus le rempart avoit beſoin d’une Actrice pour repréſenter dans les Pantomimes. Quoique je ne connuſſe point le théâtre, je payai d’effronterie : j’eus la hardieſſe de me préſenter, & j’eus le bonheur d’être reçue. Huit jours après, je débutai à l’entiere ſatisfaction du Directeur de cette troupe, qui ne s’y connoît pas, & avec les applaudiſſemens d’un public qui n’a pas le ſens commun. Car on ſait que ce ſpectacle n’eſt ordinairement rempli que de petits-maîtres, de laquais & de catins.
Des Sauteurs Eſpagnols qui repréſentoient alors ſur le même théâtre leurs tours de force, m’offrirent de partager leur chambre avec