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Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1778.djvu/38

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MÉMOIRES


leurs, n’eſt-ce pas une folie, que de rougir d’une choſe qui n’a pas dépendu de moi d’empêcher. Je ne ſuis donc pas fille du bon homme Ambroiſe ; il y avoit même déja long-temps que ce vieillard ne s’occupoit plus qu’à cultiver ſon jardin, quand je vins au monde. Sa femme depuis long-temps étoit un terrein dont la culture étoit trop difficile pour ſon âge. J’oſe même aſſurer qu’il ſeroit toujours demeuré inculte, ſi ma mere n’eût eu ſoin de le faire défricher : ma naiſſance donc l’étonna tellement, que ce ne fut qu’au bout de huit jours qu’on put déterminer Ambroiſe à ſigner l’acte de mon baptême.

Dans ce temps-là, le Pere Alexandre, vieillard reſpectable en apparence, mais le plus grand paillard de ſon Couvent, venoit fréquemment à la maiſon : il employa toute ſa rhétorique pour appaiſer le bon homme Ambroiſe, qui ne vouloit rien moins qu’aſſommer ma mere. Pourquoi, lui diſoit-il, faire cette injure à votre femme, qui mene la meil-