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Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1778.djvu/46

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MÉMOIRES


condamnée pendant preſque des journées entieres à une priſon des plus ſombres & des plus affreuſes, pendant que tous mes camarades d’école étoient à jouer & à ſe divertir. L’endroit où j’étois retirée n’étoit d’ailleurs propre qu’à m’inſpirer de la terreur. J’y étois à peine, que j’entendois pouſſer des ſoupirs, des hélas & des plaintes, dont je ne pouvois interpréter le ſens. Je m’imaginois qu’ils n’étoient excités que par le mal que ce vilain Moine faiſoit à ma mere. Combien j’étois éloignée d’en deviner la véritable cauſe ; Pourquoi, diſois-je un jour à ma mere, ſouffrez-vous chez vous le Pere Polycarpe ? Il n’y vient jamais qu’il ne nous cauſe du chagrin à vous & à moi. Si j’étois à votre place, je vous jure que je lui ferois défendre la porte par mon pere. J’ai même conçu le deſſein de lui en parler dès ce ſoir, quand il reviendra de ſon travail. Gardez-vous-en bien, me dit ma mere. Si vous le faites, malgré ma défenſe, vous pouvez vous at-