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Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1778.djvu/70

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MÉMOIRES


une dot de 1500 livres qu’elle lui avoit donnée, qui avoit aveuglé le bonhomme & lui avoit fait regarder comme la plus grande calomnie tous les propos injurieux que l’on débitoit dans le Village.

Combien l’argent a fait & fera de cocus ? Il auroit été impoſſible que Madame d’Inville en eût agi moins généreuſement avec ma mere, qui ſavoit toute ſa vie, & qui auroit pu la trahir, ſans les différens préſens qu’elle recevoit & qui lui ôtoient toute envie de jaſer, d’ailleurs elle ſentoit plus que perſonne tout le prix de la diſcrétion.

C’étoit auſſi pour n’avoir point à redouter ma langue, qu’elle cherchoit à m’éloigner de la maiſon à quelque prix que ce fût. Je n’étois pas moi-même fort mécontente d’en ſortir. Je menois une vie trop malheureuſe dans notre Village, pour deſirer d’y reſter. Si je ſortois, l’on me montroit au doigt avec toutes les marques qui accompagnent le mépris. Si je reſtois à la maiſon, ma mere, quand