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Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1778.djvu/77

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DE SUZON.


[on a à redouter qu’elle devienne publique, il] eſt des cas ou l’on ne gagne pas à étendre ſa réputation. Ma marreine, en femme prudente, ſentoit qu’elle auroit beaucoup perdu dans l’eſprit du public, s’il eût été une fois déſabuſé ſur ſon compte.

À préſent que je réfléchis ſur l’état que je fais, qui eſt à la vérité, très conforme à mon tempérament, mais qui doit toujours répugner à celles qui conſervent dans leurs paſſions un peu de délicateſſe ; je trouve qu’une fille qui eſt aſſez adroite pour couvrir ſa conduite du voile du myſtere, doit y gagner beaucoup. Elle eſt toujours sûre, par cette ſage précaution, d’augmenter le nombre de ſes adorateurs, &, par conſéquent, de multiplier ſes plaiſirs.

La vue d’une putain, fût-elle plus belle que Vénus, excite peu de deſirs à un homme. La facilité qu’il auroit à les ſatisfaire, en faiſant ſeulement le ſacrifice d’une piece d’argent, lui en ôte preſque toujours l’envie, s’il aime à acheter ſes plaiſirs, c’eſt par des ſa-

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