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Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1778.djvu/93

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DE SUZON.


Adam & Eve étoient moins heureux dans le Paradis Terreſtre, que je ne l’étois au Couvent. Ils y avoient des deſirs qu’il leur étoit, dit-on, défendu de ſatisfaire : quant à moi, je n’en conſervois aucuns. Le bonheur de jouir des houris que Mahomet promet aux fidéles obſervateurs de l’Alcoran, n’eſt que chimere, en comparaiſon de celui dont je jouiſſois. Pour tout dire enfin il n’eſt pas poſſible de le comprendre à moins d’avoir goûté les délices qu’il procure.

L’époque de mon bonheur eſt toujours ſi préſente à ma mémoire, que je ne l’oublierai jamais ; c’étoit préciſément la veille du jour que j’avois fixé pour faire écrire à Madame d’Inville afin qu’elle me retirât du Couvent, ſous prétexte d’être incommodée. Au ſortir du réfectoire, je m’étois retirée dans ma chambre pour méditer les raiſons que je donnerois du deſir que j’avois de revenir chez mes parens. Toutes celles que j’avois de déteſter mon nouveau genre de vie me paroiſ-