Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(146)


vai-je ? Contez-moi donc ce qui vous est arrivé, et pourquoi vous êtes retombée dans la misère, n’y auriez vous pas un peu contribué ? avouez-le moi franchement ? Je n’eus garde d’en convenir. Je lui fis au contraire une histoire qui était toute à mon avantage : Je ne puis, me dit mon cher Nicolas, faire pour vous ce que je ferais si j’étais garçon. Je suis obligé à présent que j’ai des enfans de mettre des bornes à ma générosité, je ne veux cependant pas vous voir les guenilles sur le corps. Voici de l’argent pour acheter des habits, revenez ce soir me trouver et vous me demanderez, en présence de ma femme, à entrer chez moi en qualité de danseuse, je consentirai de vous prendre à raison de 15 sous par jour ; je sens que cette somme est très-modique, mais je vous en donnerai quinze autres sans que ma femme ni vos compagnes le sachent.