Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/50

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J’aurais bien désiré qu’on eût continué de me permettre d’aller jouer avec les enfans de mon village, Toinette ne s’y opposait pas elle-même, la méfiance dans laquelle elle était à mon égard, était une raison pour y consentir ; mais les parens des autres enfans ne pensaient pas malheureusement de même, tous avaient défendu sous les peines les plus rigoureuses, que je fusse associée à aucune partie de jeu. Je pleurais, je gémissais du mépris que mes camarades avaient pour moi, depuis qu’on nous avait surpris dans une grange occupés à des jeux qui m’amusaient autant, qu’ils déplurent à tous ceux qui avaient des enfans dans notre bande.

Comme la plus grande, j’étais chargée d’imaginer et de varier les plaisirs de la petite société. Tantôt j’étais une mère de famille, tous mes camarades devenaient mes enfans, tous me devaient des égards et du respect. Lorsqu’il leur arrivait d’y