Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/81

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toujours l’envie. S’il aime à acheter ses plaisirs, c’est par des sacrifices, des complaisances, des soins, des égards ; mais jamais au poids de l’or. Son amour-propre n’est jamais plus satisfait que quand il doit la conquête d’une fille à ses agaceries, à ses importunités, et surtout à l’amour qu’elle ressent pour lui. Si les financiers et presque tous les favoris de Plutus agissent autrement, c’est qu’ils calculent dans tous les instans de leur vie, le temps précieux qu’ils perdraient à soupirer pour obtenir les faveurs d’une femme, leur coûterait mille fois plus que les sacrifices qu’ils font de quarante ou cinquante mille francs, pour entretenir une jolie femme dont les charmes sont toujours vendus au plus offrant. Me serais-je jamais attendue dans le temps que je désirais la fin du pieux exercice de madame d’Inville, et que la perspective la plus agréable s’offrait à ma vue,