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Page:Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse - 1901 - tome 1.djvu/326

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séance publique.

la négative était admise dans la pratique et ne soulevait que peu de doutes chez les théoriciens de l’éducation. N’oublions pas d’ailleurs qu’un enseignement spécial de l’histoire était encore chose relativement nouvelle. En 1859, un homme éminent à la fois comme mathématicien et comme philosophe, alors recteur de l’Académie de Dijon, M. Cournot, s’exprimait ainsi :

« Il faut arriver aux temps de la Restauration pour trouver dans nos archives l’arrêté du 15 mai 1818, revêtu de la signature de M. Royer-Collard, qui institue dans nos collèges des professeurs spéciaux d’histoire, en donnant par là une exécution effective aux prescriptions vagues et inefficaces des règlements antérieurs. Cette grave innovation a donné lieu à des objections très fondées. D’abord, elle inaugurait ce système de professeurs spéciaux qui est venu peu à peu se substituer à nos vieilles traditions scolaires et qui a fait perdre à l’enseignement son unité morale. L’enfant écoute successivement plusieurs maîtres, quand il les écoute, mais il n’est plus régenté, selon la vieille expression, c’est-à-dire gouverné dans le développement d’ensemble de ses facultés diverses. Avec l’histoire sont venues les rédactions d’histoire qui initient de trop bonne heure l’écolier au métier de sténographe ou à celui de compilateur. Un enseignement historique dans les collèges s’adresse à des facultés d’un ordre trop infime s’il ne s’agit que de charger la mémoire de faits, de noms et de dates, et à des facultés d’un ordre trop relevé si l’on a la prétention de faire la philosophie de l’histoire, ce que le professeur spécial sera toujours tenté de faire.

« Et quels dangers n’y a-t-il pas à permettre qu’un écolier juge à sa manière ou à la manière de son professeur, ces grands événements, ces grands personnages, que toutes les sectes, tous les partis interprètent et jugent à leur manière, pour étayer leurs maximes et quelquefois pour en faire des applications redoutables ?

« Toutes ces objections, je le répète, sont des mieux fondées ; et pourtant je n’en conclurai pas qu’il faille blâmer