des os, des chairs où le scalpel doit trouver une grande différence entre un homme d’esprit et un sot, entre un lâche et un courageux. Les embaumeurs de Turenne furent surpris de lui trouver le cœur extrêmement petit.
« … O jours d’une heureuse insouciance ! je m’abbandonne à vos charmes innocens !… Le commerce des malades et des morts m’était insuportable. Je craignais les reproches… Je me méfiais de moi-même et de la capacité que je pouvais acquérir. J’avais une raison assez forte pour n’admettre que des vérités démontrées. Comment devenir praticien habille, en suivant sur la foi d’auteurs même célèbres ne s’entendant pas entre eux, toujours divisés de sectes ou contagionistes, solidistes, fluidistes, opposition entre les écoles ?
« Serai-je plus heureux en étudiant la botanique ? Essayons… Cette science doit fixer mon attention, comme une vocation attachée à ma vie solitaire et vagabonde. Il faudrait d’abord examiner si la volonté dépend de la trempe de l’individu ; s’il appartient à chacun d’être maître chez lui. Ces questions, je les abandonne pour connaître la botanique que j’avais jusqu’alors cherchée au milieu des prairies, sur les bords des ruisseaux, dans les champs couverts de moissons. D’abord science des bergers, elle devint bientôt l’objet des méditations du philosophe, bien différente de ce qu’elle fut autrefois sous Théophraste, fixant l’attention sans la fatiguer ; exerçant, entretenant la santé, elle communique à l’âme cette douce sérénité qu’on croirait ne plus exister que dans les féeries…..
« Les herborisations du bon M. Dubernat (Dubernard) nous conduisaient souvent sur les coteaux de Puy-David et de Blagnac. Il nous parlait de Vieille Tolose (un village qui conserve ce nom), en nous montrant un beau Daphné qui croissait dans des mazures, restes de la grande et antique cité des Tectosages, dont les colonies s’établirent dans la Gallicie, la Trace, la Phrigie, la Gallo-Grèce, rivale d’Athènes : comme elle, Minerve recevait un culte particulier à Tolosa, Toloze.
