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Page:Mémoires de l'Institut national de France (tome 34, partie 2 - 1895).djvu/141

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lui qui, au lendemain de la mort de Louis X, n’étant encore ni roi, ni même régent du royaume, joua sans hésiter du monarque, reçut des serments d’hommage et de fidélité, s’adjugea même certains deniers comptants ; lui, qui acheva cette prise de possession du royaume, en surprenant le Louvre, occupé par les hommes de Charles de Valois, son oncle, et de Charles, comte de la Marche, son frère[1]. C’est lui enfin, l’historien ne doit pas l’oublier, qui profita d’un événement demeuré mystérieux en dépit des efforts répétés de l’érudition moderne[2]. Je veux parler, de la mort ou disparition de Jean Ier, le fils posthume de Louis X. On sait qu’un, énigmatique Jean Ier reparut au milieu du XIVe siècle et revendiqua le trône. Si l’historien

    Jean XXII, Paris, 1854, p. 70, no 6.) Nos historiens paraissent généralement ignorer que l’emmurement des cardinaux réunis en conclave était conforme aux prescriptions nouvelles du droit canonique.

  1. Kervyn de Lettenhove, Istore et Croniques de Flandres, Bruxelles, 1879, t. 1, p. 308, 309 ; Moranvillé, Chronographia regum Francorum, t. I, p. 232. Ce fait si curieux de la prise de possession violente du Louvre n’est pas mentionné ailleurs : il est même démenti par ce passage de la continuation de la Chronique française de Nangis : « Lors pour ce, à Paris, se retraist et revint et fu des barons de France receu paisiblement » (Bibl. nat., ms. fr. 23138, fol. 88 ro)  ; mais ce démenti par allusion a presque, à mes yeux, la valeur d’une confirmation.
  2. Un individu, dont l’histoire est fort curieuse, se prétendit, au XIVe siècle, fils de Louis X. Cette mort du petit roi Jean était, suivant lui, un mensonge : il était le roi Jean. L’histoire de ce personnage se trouve notamment à la Bibliothèque Barberine, ms. XLV, 52. Monmerqué a publié : Dissertation historique sur Jean Ier, roi de France, Paris, 1844. (Monmerqué exprime certains doutes sur la mort du petit roi Jean : il n’est pas tout à fait sûr que le prétendant du XIVe siècle soit un aventurier.) Lire aussi : Bréhaut, Giannino Baglioni, roi de France, dans Revue contemporaine, 2e série, t. XVII, p. 5 et suiv., 238 et suiv. (Bréhaut ne croit pas à l’origine royale de Giannino) ; Tavernier, Le roi Giannino, dans Mémoires de l’Académie… d’Aix, t. XII, Aix, 1882, p. 211-273 (M. Tavernier ne croit pas que le roi Giannino fût le fils de Louis X) ; Emm. Rodocanachi, Un épisode peu connu de l’histoire de France, dans Nouvelle Revue, t. L., 1888, p. 614 et suiv. (L’auteur, plutôt défavorable à l’origine royale de Giannino, ne se prononce pas nettement.) Au XIVe siècle, Rienzi, le roi Louis de Hongrie et la république de Sienne ont reconnu ce personnage comme le légitime héritier de France.