d’une table de catégories dont je ne veux point ici vérifier l’exactitude, il reconnaît qu’en outre des jugements particuliers ou d’une généralité restreinte, tels que l’expérience peut les fournir au moyen de l’induction, nous formons des jugements universels qui dépassent la portée de toute expérience et de tout raisonnement inductif. Les premiers sont contingents ; les seconds nous sont donnés comme nécessaires, en vertu même de notre constitution intellectuelle ; ils ne viennent donc pas de l’expérience ; et comme celle-ci en a sans cesse besoin, on voit, par une nouvelle preuve, que la psychologie sensualiste, loin de pouvoir rendre compte des connaissances rationnelles, ne peut même pas expliquer d’une manière satisfaisante l’acquisition des connaissances expérimentales. Pour n’en citer qu’un exemple, point de science de la nature si l’on supprime le principe de causalité, et point de sensation transformée qui puisse fournir ce principe, lequel, en réalité, ne se forme pas par voie d’observations successives, mais nous est donné tout d’une pièce, à priori, avec ses caractères d’universalité et de nécessité. — « Enfin, la raison, » dit Kant, « éprouve un besoin beaucoup plus élevé que celui d’épeler des phénomènes et de les réunir en une synthèse qu’elle puisse lire comme une page d’expérience ; elle s’élève naturellement à des connaissances trop hautes pour pouvoir correspondre à des objets empiriques ; » elle ne se contente
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