ment rationnel que nous avons dégagé dans la connaissance à tous ses degrés ? Regardons-y de près, c’est une loi de notre esprit, un résultat de notre organisation intellectuelle, une forme naturelle de notre pensée, en un mot, c’est quelque chose de subjectif. Nous sommes ainsi faits que nous concevons les corps dans l’espace et les événements dans le temps, que nous ne pouvons apercevoir un changement sans le rapporter à une cause, que du relatif nous rebondissons, par une élasticité native, jusque dans l’absolu. Tant que nous n’appliquons cette activité qu’à assembler et coordonner en unités de plus en plus hautes les phénomènes qui nous sont donnés par l’intuition sensible, tant que la raison borne son ambition à guider et systématiser l’expérience, elle n’excède pas son usage légitime, et c’est grâce à elle que se construit la science de la nature, non pas, entendons-le, la science des lois réelles qui gouvernent les choses en soi, mais la science des lois que notre esprit impose aux phénomènes, c’est-à-dire aux choses telles qu’elles lui apparaissent. Mais la raison vient-elle à franchir ces limites ; entreprend-elle, au lieu d’opérer sur les phénomènes tels que l’intuition sensible les lui donne, de se créer à elle-même un objet et de réaliser ses idées, alors elle est dans le vide, et si on ne peut pas lui prouver que son objet transcendantal, c’est-à-dire supérieur à toute expérience, n’existe pas, elle de son côté est tout à fait impuissante à prouver
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