Me faut-il l’univers pour m’élever à toi ?
N’aurais-je donc enfin ni l’amour ni la foi
Si je ne contemplais tes sublimes miracles
Et ne rassassiais mes yeux de ces spectacles
Où, partout déployant ton infini pouvoir,
De l’adoration tu nous fais un devoir ?
Sans soumettre, Seigneur, ton œuvre à l’analyse,
Dans le livre des cieux, s’il faut que mon œil lise,
Sur tout ce qui m’entoure un seul regard jeté
Me révèle aussitôt ta gloire et ta bonté.
À chaque heure, en tous lieux, j’en retrouve la trace ;
Là haut ces astres d’or illuminant l’espace,
Leur ordre harmonieux, leur nombre, leur splendeur,
Et la terre et le ciel tout pleins de ta grandeur,
Les ténèbres, le jour, les bruits et le silence,
Les arbres ou les fleurs que ton souffle balance,
Cette nature enfin qui m’éblouit les yeux,
Ou parfois me murmure un chant mélodieux,
Soit que je la contemple, ou soit que je l’écoute,
Beauté, parfums, lumière, oh ! tout cela, sans doute,
Me pénètre le cœur de cette émotion
Qui force toute langue à célébrer ton nom ;
Mais, quand je sens monter mon âme en ta présence,
N’est-ce donc que l’élan de ma reconnaissance ?
Mon Dieu, dois-je peser ce que tu fais pour moi
Et compter les présents que je reçus de toi ?
Non, non, quand je serais, seule de la nature,
Abandonnée hélas ! chétive créature,
Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1864.djvu/331
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