à raison de leur prééminence sur les feuilles, affament celles-ci et les font avorter en attirant à elles seules toute la séve ? Si l’on pousse l’observation plus loin, il sera facile de se convaincre, que si les feuilles rudimentaires disparaissent entièrement à la base du plus grand nombre des fleurs de cette famille, ces fleurs n’en suivent pas moins le mode d’insertion commun aux fleurs des autres végétaux ; qu’elles sont solitaires, axillaires et terminales et toujours assises, chacune sur une sorte de bride ou de nœud-vital, dont j’aurai bientôt occasion de parler » [1].
Ce passage de Turpin est extrêmement remarquable, surtout si l’on se reporte à l’époque où il a été écrit ; cet ingénieux botaniste a assez clairement entrevu la vérité. Sans doute nous n’avons pas observé matériellement cette bride à la base du pédoncule aphylle des Crucifères ; mais ce que que nous avons dit des côtes et des lignes décurrentes qui en descendent dans toutes les espèces de cette famille qui ont la tige et l’axe de l’inflorescence anguleux, nous semble démontrer évi-
- ↑ Turpin, Mémoire sur l’inflorescence des Graminées et des Cypérées, comparée à celle des autres végétaux sexifères. Paris, 1819, in-4°, p. 5 et Mémoires du Muséum, t. 5, p. 430. Steinheil a également admis l’avortement des bractées, et pense qu’il existe aussi primitivement dans cette famille des bractéoles qui avortent constamment (Annales des sciences naturelles, 2e série, t. 12 (1839) p. 337).