Il n’est, je pense, aucun lecteur qui ne voie l’abîme qui sépare ces deux lois l’une de l’autre. La seconde est parfaitement vraie, et les applications s’en produisent chaque jour sous nos yeux, mais seulement dans les limites marquées par l’organisation générale de chaque être, organisation, dit très-bien Cuvier, « qui forme un ensemble, un système unique et clos dont les parties se correspondent et concourent par leurs réactions à une même action définitive ; de telle sorte qu’aucune de ces parties ne puisse changer sans que les autres ne changent également[1]. » La première au contraire, n’est qu’une affirmation gratuite à l’appui de laquelle on ne saurait citer aucun fait positif. Lamark, cependant, donne la seconde pour preuve de la première. Aussi, pour que cette preuve ait quelque valeur, est-il obligé d’étendre au delà de toute limite l’influence de l’habitude et de lui rapporter des transformations organiques qui différeraient bien peu d’une création véritable. Laissons-le choisir lui-même ses exemples. « On sent » dit-il, « que l’oiseau de rivage qui ne se plaît point à nager, et qui, cependant, a besoin de s’approcher des bords de l’eau pour y trouver sa proie, sera continuellement exposé à s’enfoncer dans le vase. Or, cet oiseau, voulant faire en sorte que son corps ne plonge pas dans le liquide,
- ↑ Cuvier, Discours sur les révolutions du globe.