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Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1874.pdf/456

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jacques callot.

III.

Mais chez notre petit héros, les tendances de l’artiste dominaient de bien haut celles du gentilhomme, héritage dont sa destinée devait être de posséder la dignité morale sans en contracter les préjugés. Jacques forma donc, dans sa tête enfantine, le projet de s’attribuer la liberté qu’on lui refusait. Sans compagnons et sans conseils, il se met en route, comptant pour ressources sur le hasard. Mais, quoique l’énergie soit beaucoup, elle n’est pas tout ; bientôt il est à bout de provisions. Ne pouvant plus avancer, et ne voulant pas reculer, il est forcé de se joindre à une bande de bohémiens, qui se rendait à Florence.

Or, charmés de l’air avenant et de la tournure espiègle de l’enfant, ces pauvres déclassés accueillent le quasi-orphelin, l’emmènent, partagent avec lui tout le long du voyage leurs chétifs moyens de subsistance ; et (chose qu’on n’a point assez remarquée) exercent envers lui cette bienfaisance sans la lui faire acheter d’aucun prix ; d’aucune inconvenance surtout.

Pour double préservatif, il aurait eu, c’est vrai, outre les instincts de l’enfant bien né, le secours de la prière, dont nous savons qu’il se faisait une arme défensive ; mais il n’en eut pas même besoin, n’ayant été mis à aucune épreuve. C’est par ses