Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 1.djvu/117

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de charles bossut.

comme un ouvrage de littérature et d’histoire. Pour en bien sentir le mérite et la difficulté, pour se mettre en état d’en exposer le plan et d’en indiquer les parties les plus intéressantes, il faut un travail, une contention, d’esprit dont la vieillesse n’est plus susceptible. Un géomètre qui aurait eu véritablement du génie pourrait encore nous étonner par de nouvelles productions dans un âge même très-avancé, n1ais ces productions seraient des développemens d’idées premières dont il n’aurait pas encore trouvé l’occasion de tirer toutes les conséquences ; il serait effrayé à la seule pensée de suivre long-temps la marche d’un autre géomètre. C’est à la ville que Lagrange a composé ses derniers Mémoires, et dans ce temps même il avouait le besoin d’être à la campagne pour bien se rendre compte des nouvelles méthodes de M. Gauss.

Bossut voulait être juste et impartial ; il le voulait par une suite de cette roideur même de caractère dont il s’accuse et dont il avait donné des preuves nombreuses. Nous n’en citerons qu’une seule.

Dans le temps qu’il était examinateur du génie, le comte de Muy, déjà commandeur de l’ordre du Saint-Esprit et gouverneur de Provence, depuis maréchal de France et ministre de la guerre, lui avait directement recommandé nombre d’élèves qui, par une fatalité singulière, n’étaient presque jamais dignes d’être admis, et ne l’étaient pas. Le comte de Muy en avait marqué quelque mécontentement. Lorsque dans la suite il devint lui-même ministre de la guerre, et que, suivant l’usage, Bossut alla pour la première fois lui présenter le tableau raisonné de l’examen qu’il venait de faire, le ministre signa l’état de la promotion sans hésiter, adressant à Bossut ces paroles qui honorent également et le ministre et le savant : Je signe aveuglément, j’ai éprouvé qu’il ne faut pas regarder après vous.

Bossut était grand admirateur de Pascal ; il en publia les œuvres