est tellement liée avec celle de M. Tenon, que nous ne pouvons nous dispenser d’en dire quelques mots.
Les médecins de l’antiquité n’avaient pas imaginé de se partager entre eux les divers moyens de guérir, et, comme le même malade a presque toujours besoin des remèdes internes et du secours de la main, le même médecin lui administrait les uns et les autres. Galien préparait ses remèdes et opérait ses malades, et l’on ne voit pas qu’Hippocrate ait dédaigné de saigner les siens, quand il le croyait nécessaire.
Mais dans les siècles d’ignorance, la médecine, ainsi que les autres sciences, fut livrée à des clercs qui, regardant leur caractère comme incompatible avec des opérations sanglantes, furent obligés d’employer des subalternes qui travaillaient sous leurs yeux et par leurs ordres.
Des institutions mal entendues et une vanité puérile maintinrent cette distinction après que la cause en eut cessé. Les docteurs laïcs, enorgueillis de leurs robes d’écarlate, continuèrent de regarder, comme au-dessous de leur dignité, d’exercer la chirurgie, et prirent en même temps toutes les précautions pour empêcher ceux qui l’exerçaient de rivaliser avec eux, en sorte que, à peu d’exceptions près, un art si difficile et si utile resta dans les mains d’êtres ignares que l’on confondait, sans trop d’injustice, dans la classe des barbiers.
Un de ces hommes de caractère, sans lesquels il ne se fait rien de grand, Lapeyronie, chirurgien de Montpellier, résolut de tirer la chirurgie de cette abjection. Il avait été appelé à donner à Louis XV, vers la fin de son éducation, une idée de l’anatomie, et lui avait fait voir la dissection de quelques animaux de la ménagerie.
Comme il était aimable et d’un esprit piquant, il intéressa vivement le jeune roi à ces dispositions merveilleuses par lesquelles la nature entretient le mouvement si compliqué de la