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HISTOIRE DE L’ACADÉMIE,

« plateaux sur lesquels s’élèvent les chaînes sont généralement trop éloignés des côtes pour qu’on puisse en déterminer l’élévation, soit par des angles de dépression, soit par un nivellement géométrique ; il en résulte que chaque mesure d’une haute montagne est presque toujours en partie barométrique, en partie trigonométrique. »

Quand M. de Humboldt mesura la hauteur de Chimborazo, sur le plateau de Tapia, où il avait pris sa base, il était élevé de 2890 mètres au-dessus de la mer, et le sommet de la montagne ne s’élevait que de 6° 40′ au dessus de cet horizon.

La distance à la montagne était de 30437 mètres. Plus près, dans les plaines de Sisgun, la base aurait eu une élévation de 3900 mètres, et la partie déterminée géométriquement n’eût été que de 2630. Ainsi les voyageurs se trouvent souvent réduits à indiquer seulement la hauteur des montagnes au-dessus des plateaux dont ils ignorent l’élévation absolue, ou à faire des mesures dans des plaines très-éloignées, d’où la hauteur n’est vue que sous un angle fort aigu, que les réfractions peuvent altérer sensiblement.

Ce sont ces obstacles qui nous ont privés long-temps de la connaissance exacte de la hauteur des montagnes de l’Inde. La partie orientale de l’Himalaya (séjour des neiges, c’est l’Imaüs des anciens) est visible des plaines du Bengale, à la distance de 150 milles anglais ; sa hauteur au-dessus de ces plaines n’est donc pas moindre que de 2020 toises. Un pic très-élevé de l’Himalaya, que l’on distingue de la ville de Patna, fut estimé par le colonel Crawford, 20000 pieds anglais au-dessus des plaines de Népaul, qu’il supposait élevées de 5000 p. au-dessus du niveau de l’océan. Quoique ces élévations soient simplement approximatives, on a pu en conclure que les montagnes de l’Inde atteignent ou surpassent en élévation les Cordillères de Quito.