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SUR LE SUCRE DE BETTERAVE.

bics perfectionnés d’Adam et de Bérard, alors l’alcohol n’a aucun mauvais goût, et on peut l’obtenir au degré qu’on désire par une seule distillation. Cet alcohol a cela de particulier, c’est qu’au même degré de concentration il est infiniment plus piquant que tous les autres qui nous sont connus.

Cent litres de mélasse donnent, à-peu-près, trente trois litres d’alcohol à 22 degrés.

Avant de livrer le résidu aux bestiaux, on peut le faire fermenter en le délayant dans une quantité d’eau suffisante, et le distiller ensuite ; par ce moyen on peut encore en extraire environ quatre pour cent d’alcohol ; mais cette opération entraîne un embarras de manipulation qui me l’a fait abandonner ; elle a donné lieu néanmoins à une observation que je ne puis passer sous silence pour éclairer ceux qui pourraient se trouver dans le même cas que moi. J’avais conçu l’idée de passer de l’eau sur les résidus pour m’en servir ensuite à délayer la mélasse ; cette eau de lessive marquait de 2 à 4 degrés ; je procédais ensuite à la fermentation par la méthode ordinaire.

La fermentation s’établissait facilement ; lorsqu’elle était terminée, je soumettais la liqueur à la distillation ; mais quelle fut ma surprise lorsque je vis que j’obtenais moins d’alcohol, et que, vers la fin de l’opération, la liqueur se boursoufflait et passait de la chaudière dans le serpentin ! Je ne tardai pas à me convaincre que la mélasse n’avait point participé à la fermentation, qu’elle était demeurée intacte, et qu’il n’y avait que la lessive des résidus qui eût fermenté. Cette expérience, répétée plusieurs fois, m’a constamment donné les mêmes résultats. Il paraît que la mélasse se mêle sans s’allier