Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/101

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a doté les sciences physiques. Il ne me reste plus, pour me conformer à l’usage, qu’à raconter brièvement les principales circonstances de sa vie publique et privée.

Les pénibles fonctions dont Volta se trouva chargé presque au sortir de l’enfance, le retinrent dans sa ville natale jusqu’en 1777. Cette année, pour la première fois, il s’éloigna des rives pittoresques du lac de Come et parcourut la Suisse. Son absence dura peu de semaines ; elle ne fut d’ailleurs marquée par aucune recherche importante. À Berne, Volta visita l’illustre Haller, qu’un usage immodéré de l’opium allait conduire au tombeau. De là il se rendit à Ferney, où tous les genres de mérite étaient assurés d’un bienveillant accueil. Notre immortel compatriote, dans le long entretien qu’il accorda au jeune professeur, parcourut les branches si nombreuses, si riches, si variées de la littérature italienne ; il passa en revue tant de savants, de poètes, de sculpteurs, de peintres dont cette littérature s’honore, avec une supériorité de vues, une délicatesse de goût, une sûreté de jugement qui laissèrent dans l’esprit de Volta des traces ineffaçables.

À Genève, Volta se lia d’une étroite amitié avec le célèbre historien des Alpes, l’un des hommes les plus capables d’apprécier ses découvertes.

C’était un grand siècle, Messieurs, que celui où un voyageur, dans la même journée, sans perdre le Jura de vue, pouvait rendre hommage à Saussure, à Haller, à Jean-Jacques, à Voltaire.

Volta rentra en Italie par Aigue-Belle, apportant à ses concitoyens le précieux tubercule dont la culture, convenablement encouragée, rendra toute véritable famine impossible. Dans la Lombardie, où d’épouvantables orages détruisent en