Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/43

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de cette force ait eu besoin de ces distractions ; mais sa santé l’y obligeait : de bonne heure elle était devenue assez chancelante, et, dans certains moments, l’oubli absolu de toutes ses recherches chimiques pouvait seul donner trève à ses douleurs.

Il n’avait même pas toujours la faculté de se distraire par des ouvrages d’esprit. La pêche, ou quelque autre occupation aussi insignifiante, remplissait forcément une partie de ses journées : en parcourant si rapidement une immense carrière dans les sciences, il avait aussi accéléré la course de sa vie, et il payait ses triomphes précoces par des infirmités venues avant le temps. Un troisième voyage en Italie, un séjour assez long à Florence et à Rome, n’eurent point, sur son état, l’influence qu’il en attendait.

Déja fort affaibli, il désira voir son pays natal. Lady Davy et son frère le D¹ John Davy, qui était aussi son médecin, lui prodiguèrent pendant la route les soins les plus tendres ; les beaux sites qu’il parcourait semblaient par moment lui rendre quelques souvenirs de sa jeunesse, mais ce n’était que les dernières lueurs d’un flambeau qui va s’éteindre. Arrivé à Genève, et sans que rien fit prévoir une fin si prochaine, il expira subitement dans la nuit du 28 au 29 mai 1829.

Ainsi a fini à cinquante ans, sur une terre étrangère, un génie dont le nom brillera avec éclat parmi cette foule si éclatante de noms dont s’enorgueillit la Grande-Bretagne. Mais, que dis-je ? pour un tel homme aucune terre n’est étrangère ; Genève surtout ne pouvait pas l’être, où, depuis vingt ans, il comptait des amis intimes, des admirateurs sans cesse occupés de répandre ses découvertes sur le con-