Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/445

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gnes, après lui, a ajouté un grand nombre de faits à cette branche de nos connaissances, mais comme il n’a suivi aucune marche analytique dans ses recherches, il est difficile souvent d’en saisir les rapports. Depuis dix ans, les découvertes sur cette partie de la physique se sont tellement multipliées que l’on peut, en coordonnant les faits et y ajoutant quelques observations nouvelles, hasarder des considérations théoriques sur les causes qui produisent le dégagement de l’électricité par frottement. Je vais présenter le résultat de mes observations à cet égard, avec toute la réserve cependant que l’on doit avoir dans une question aussi importante et qui est encore enveloppée de tant d’obscurité.

Dans le frottement et la pression, l’élasticité des particules paraît avoir une certaine influence sur le dégagement de l’électricité ; mais quelle est cette influence ? on croit généralement que le frottement est dû à l’entrelacement réciproque des aspérités qui recouvrent les surfaces de contact ; est-ce bien là la cause unique du phénomène ? l’action des molécules les unes sur les autres ne contribue-t-elle pas aussi à sa production ? On cite en faveur de la première opinion que le frottement est d’autant plus grand que les corps sont plus rudes et plus couverts d’aspérités ; et en faveur de la seconde, que si l’on prend deux plaques de marbre ou deux plaques de verre parfaitement polies, et qu’on les fasse glisser l’une sur l’autre, pour qu’elles se touchent le plus exactement possible, elles finissent par adhérer fortement l’une à l’autre, indépendamment de la pression de l’air, puisque cet effet a encore lieu dans le vide. On a remarqué, en outre, que les mêmes corps, après être restés pendant quelque temps en contact, opposaient plus de résistance à