Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/573

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parisis. Car depuis la découverte de l’Amérique, la valeur échangeable de l’argent a considérablement diminué eu égard à ces mêmes denrées. On peut au contraire regarder la valeur absolue de celles-ci comme fixe, puisqu’on en a toujours le même besoin, quelques variations que subissent les valeurs relatives des espèces métalliques.

Par exemple, le même nombre de mesures de blé étant toujours nécessaire pour nourrir le même nombre d’hommes, c’est évidemment au blé considéré comme matière d’échange, c’est-à-dire comme monnaie, qu’il faut comparer un même objet à deux époques différentes, si l’on veut assigner à ces deux époques la véritable valeur de cet objet.

Or, nous savons[1] que, sous le règne de saint Louis, le blé valait 5 sous ou 60 deniers parisis le setier de douze boisseaux, ce qui mettait le prix de l’hectolitre à 38 deniers 1/2, ou, en nombre rond, à 40 deniers.

On pouvait donc alors échanger un hectolitre de blé contre dix bains complets, pris aux étuves publiques, à raison de 4 deniers l’un.

L’hectolitre de blé vaut aujourd’hui 22 francs ; mais nous sommes en un temps de cherté. Si donc cette mesure de blé se réduisait au prix moyen de 19 francs, on pourrait l’échanger contre dix-huit bains d’un franc, ou contre vingt-cinq de 75 centimes.

La valeur des bains, comparée à celle du blé, n’est donc aujourd’hui qu’environ la moitié de ce qu’elle était au milieu du XIIIe siècle.

  1. Essai sur les Monnoies, ou Réflexions sur le rapport entre l’argent et les denrées, pag. 80. Paris, 1746.