Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/675

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On s’en était tenu à cet effet ; mais si l’on a la précaution de faire l’expérience en fixant à chaque lame, au moyen d’un peu de mastic, un manche isolant, on reconnaîtra que chaque lame, en se séparant, emporte avec elle un excès d’électricité contraire, et que cet excès est d’autant plus grand que la séparation a été plus vive. On obtient toujours ces résultats, quelque mince que soit la lame de mica ; ainsi il est probable qu’on l’aurait encore en séparant deux molécules l’une de l’autre.

Le talc feuilleté de Saint-Gothard et la chaux sulfatée limpide de Montmartre donnent par l’exfoliation des résultats électriques semblables ; et il est probable que si l’on avait les moyens de séparer vivement, c’est-à-dire, de cliver à la manière du mica toutes les substances cristallisées non conductrices de l’électricité, chacune des parties sortirait avec un excès d’électricité contraire, et je ne doute pas que l’intensité de l’électricité développée par la même force de séparation ne fût en rapport avec l’énergie de l’action moléculaire.

Une carte dédoublée présente des effets analogues. On voit donc que, lorsqu’on exfolie certaines substances cristallisées, on obtient des effets électriques analogues à ceux que donnent deux substances qui sortent de la compression : l’influence de la vitesse de séparation se fait également sentir dans ces deux modes d’action. Le dégagement de l’électricité ne serait-il pas dû, dans l’un et l’autre cas, à la destruction de l’attraction moléculaire ? S’il en était ainsi, l’effet de la pression étant d’augmenter cette attraction, il s’ensuivrait que plus on comprimerait les corps, plus le dégagement de l’électricité devrait être grand ; c’est précisément ce