Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/729

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contre de la petite monnaie dans les occasions très-fréquentes où l’on aurait besoin de payer des sommes inférieures à cent francs. La perte d’une de ces pièces serait assez sensible, et les chances de perte seraient augmentées par la grandeur de leur volume qui les rendrait très-apparentes ;

3o  Enfin, et cette dernière considération est la plus décisive, une pièce d’or de la valeur de fr. exciterait à thésauriser ; elle en irriterait la soif dans les malheureux qui sont atteints de cette maladie, et la ferait naître chez d’autres. Il est prouvé, par l’expérience de tous les pays, que les grosses pièces d’or disparaissent toujours de la circulation, et d’autant plus rapidement qu’elles sont fabriquées avec plus de perfection : leur beauté invite à les garder, ce sont de belles médailles, les avares s’empressent de les enfouir dans leurs coffres. Fabriquer de telles pièces, c’est créer un instrument de thésaurisation ; ce n’est rien ajouter au numéraire circulant.

Nota. Depuis que j’ai lu ce Mémoire à l’Académie, on m’a communiqué une observation qui est intéressante en ce qu’elle constate qu’il existe pour les pièces d’or une limite de valeur au-dessus de laquelle ces pièces cessent d’être utiles à la circulation.

Lorsque les anciennes monnaies d’or furent refondues, on remarqua que les doubles-louis, présentés à la refonte, avaient conservé leur poids primitif : ils n’avaient rien perdu par le frai ; ils étaient par conséquent demeurés en dehors du mouvement de la circulation. On ne doit donc pas élever jusqu’à la valeur du double-louis les pièces d’or qui sont destinées à avoir cours de monnaie ; il paraît même qu’il faudrait demeurer au-dessous de quarante francs ; car les faits semblent annoncer que les pièces de fr. ne sont guère plus employées dans la circulation que ne l’étaient les doubles-louis.

On doit conclure de cette observation qu’il n’est pas nécessaire de fabri-