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DE M. CHAPTAL.

de progrès qui, des sciences s’étendent aux arts, et des arts au bonheur des peuples ; et cet intérêt me fera pardonner sans doute quelques faits de détail jusque dans lesquels j’ai cru devoir suivre M. Chaptal.

Schéele découvrit, en 1774, un corps qui devait bientôt jouer un des rôles les plus importants dans les procédés des arts, non moins que dans les phénomènes de la science. Ce corps, connu successivement sous les noms d’acide muriatique déphlogistiqué, d’acide muriatique oxygéné, de chlore, a la propriété précieuse de neutraliser les miasmes de l’infection ; il a celle de détruire les couleurs végétales ; et chacun sait tout le parti que M. Berthollet a tiré de ce dernier fait pour créer un art nouveau, celui du blanchiment des toiles et du coton. À peine cet art venait-il de naître que M. Chaptal l’enrichissait déjà de nouvelles applications ; il l’étendait au blanchiment des vieux livres, des vieilles estampes, surtout à celui de la pâte de chiffons dont on se sert pour la fabrication du papier ; résultat important et qui a permis de faire des papiers de la plus belle qualité avec les matériaux les plus communs.

Ce n’était là qu’une sorte de complément aux belles recherches de Berthollet. Une découverte, propre à M. Chaptal, est celle qui concerne la formation de l’alun, dans les ateliers.

L’alun est une des substances les plus employées dans les arts ; mais cette substance, si nécessaire, est rare ; et il a fallu songer, de bonne heure, à la former de toutes pièces, c’est-à-dire par la combinaison directe de ses principes constituants.

Or, ces principes constituants, du moins les seuls que l’on soupçonnât alors, sont l’alumine et l’acide sulfurique : il aurait dû suffire, par conséquent, de combiner de l’acide