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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 15.djvu/26

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ÉLOGE HISTORIQUE

de nouveaux procédés pour l’emploi des mordants dans la teinture en rouge ; pour la fabrication du vert-de-gris ; pour la fermentation, pour la distillation du vin, etc. Quelques-uns de ces détails pourront paraître petits ; c’est qu’on oublierait ce qui les relevait à ses yeux, l’utilité publique et la haute récompense que cette utilité publique lui a value, un nom national et populaire.

D’ailleurs, et dès l’époque dont nous parlons, ce nom était déjà un des premiers de la science, et le premier de l’industrie française. L’éclat de ses leçons, celui de ses ouvrages ; la fortune considérable que son oncle, mort en 1788, lui avait laissée, employée tout entière à doter la France de manufactures qui lui manquaient ; un grand mouvement donné à l’industrie de nos provinces méridionales ; tout attirait sur lui l’attention du pays et celle des étrangers.

Cependant une révolution politique se préparait, qui, destinée à fonder un ordre social nouveau, devait saper jusque dans ses bases l’ordre social ancien.

Dans cet ébranlement général, on pouvait craindre que plus d’une existence ne fût menacée, surtout parmi les plus élevées ; et plusieurs gouvernements étrangers s’empressèrent d’offrir un asile à M. Chaptal : il le refusa. Quels que fussent les services qu’il avait déjà rendus à son pays, il était appelé à lui en rendre de plus grands encore.

Jamais, en effet, ne parut avec plus d’éclat le rôle que jouent, dans les sociétés modernes, la science et l’industrie. Les déchirements intérieurs de la France ont anéanti toutes ses ressources ; cependant ses frontières sont envahies, et ses arsenaux sont dépourvus d’armes, de salpêtre, de poudre ;