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Xn : ÉLOGE HISTORIQUE

c’était M. lie Jiissieu qui allait l’occuper ; il était impossible^ que lui-même ne le sentît pas.

Je trouve en effet dans une lettre de lui, écrite vei’S cette époque, ces mots remarquables : « Il est des circonstancesi « dont un homme doit profiter ; et il s’en offre une pour moi, « que j’aurais tort de négliger. Nous avons perdu, en troisi « mois de temps, les trois premiers botanistes de l’Eui-ope, « M. de Haller en Suisse, M. Linnœus en Suède, le troisième « à Paris. Il serait glorieux, de leur succéder, et de rappeler eu « France une primauté que les étrangers lui ont disputée. »

Ces mots trahissent le sentiment qu’il avait de sa foi’ce ; ce qui le trahit bien plus encore, c’est l’entreprise qu’il coneut dès lors de soumettre en quelque sorte le règne végétal entier aux principes qu’il venait de poser dans ses deux mér moires ; entreprise immense, et dont le résultat a été ce grand ouvrage sur lesjfimilles des plantes, duquel date l’esprit nouveau qui anime aujourd’hui tous ceux qui s’occupent des rapports et de la classification des êtres.

La méthode naturelle est le but vers lequel tendaient tous> les efforts des naturalistes, avant qu’ils l’eussent trouvée ; et, une fois trouvée, elle est devenue le guide de tous leurs efforts subséquents.

Les anciens, si l’on excepte Aristote, .et Aristote seul, ne se sont point occupés des rapports des êtres. Ils ne cherchaient dans l’histoire naturelle, et particulièrement dans la botanique, que le côté utile ; ils n’étudiaient les végétaux que : pour l’économie domestique et la médecine. L’ordre, les rapports des espèces, la méthode, expression de cet ordre et de ces rapports, tout ce côté purement scientifique de la bota-