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de m. rochon.

facile auprès des différens proconsuls ; il était auprès d’eux le solliciteur de tous les adoucissemens, le défenseur de tous les proscrits. Aucun danger personnel, aucun refus, ne lassaient son infatigable persévérance. Les prisons s’ouvrirent souvent à sa voix ; il en arracha entre autres Mad. Gratien de Saint-Maurice, qui paya son zèle et ses bienfaits du don de sa main. (Journal de Paris, 15 mai 1817.)

Quand une loi créa le bureau des longitudes, il se vit cité de la manière la plus honorable dans le rapport d’après lequel fut décidé cet établissement. Peu de jours après, un décret particulier créa pour lui la place de directeur de l’observatoire de Brest, espèce de bénéfice simple qui ne le dédommageait qu’à moitié de celui qu’il avait perdu, mais dont il jouit du moins sans trouble jusqu’à son dernier jour ; qui ne l’empêcha pas d’être nommé à l’Institut, comme s’il n’eût pas résidé à Brest, ni bientôt après de se fixer à Paris, d’où il continua de diriger son observatoire, sans plus de difficulté qu’auparavant. Plusieurs fois, sur les rapports du bureau des longitudes, le gouvernement lui acheta des instrumens dont il avait dirigé la construction quand il était à la Muette.

Une de ses passions dominantes était l’amour des hommes, le bien de son pays, et particulièrement celui de sa province. Nous avons déjà vu ce qu’il avait fait pendant son séjour à Brest.

En 1785, la Bretagne avait consulté l’Académie sur un projet de navigation intérieure. Les commissaires furent Bossut, Rochon et Condorcet. Le projet n’eut pas l’approbation de ces savans. Rochon proposa depuis un projet tout différent, dont le but était d’ouvrir des canaux pour l’approvisionnement du port de Brest, en temps de guerre, lors-