Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 2.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
lxxxix
de m. messier.

dont nous espérons faire jouir les astronomes. Il avait lui-même rassemblé tous ses mémoires astronomiques et météorologiques dans deux volumes énormes, dont l’un contenait ses comètes, et l’autre ses observations diverses. Il venait de terminer ce recueil et s’occupait assidûment de la planète Uranus, nouvellement découverte par M. Herschel, lorsqu’un accident épouvantable vint interrompre ses travaux pendant un an, et faillit y mettre un terme pour toujours.

Le 6 novembre 1781, M. Messier se promenait avec la famille Saron dans le jardin de Mouceaux, qui excitait alors la curiosité publique et où l’on n’entrait que par billets. Une serre chaude avait principalement attiré son attention. Elle servait d’entrée à une grotte obscure qu’il avait parcourue avec intérêt. À peu de distance il voit une porte ouverte, il la prend pour l’entrée d’une grotte à-peu-près semblable. Il y entre avec confiance ; c’était une glacière. Il y tombe de vingt-cinq pieds de haut sur des monceaux de glace. Il ne peut retenir un cri douloureux quand il sent qu’il a la cuisse et le bras cassés, le poignet fracassé, deux côtes enfoncées, et au-dessus de l’œil droit une blessure par laquelle il perd beaucoup de sang. Il n’ose appeler dans la crainte que les enfans de M. de Saron qui le suivaient habituellement, ne viennent s’engloutir avec lui dans la fatale glacière. Heureusement l’évêque d’Avranches, qui connaissait le jardin, remarque avec surprise que la glacière est ouverte ; il en approche, il entend des gémissemens, et sans reconnaître la voix, il se hâte d’aller chercher du secours. Un garçon jardinier, dépositaire des clefs de la glacière, arrive avec une échelle ; il descend, et la première consolation qu’il adresse à la victime de sa négligence, est de lui demander