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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 20.djvu/7

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VIII
TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME.
BIOGRAPHIE

profondeur, n’a pas encore recu ici le juste tribut qui lui est dû à tant de titres. La dette remonte à près d’un demisiècle ; cela même était une raison puissante de s’acquitter sans plus de retard. Nos éloges, comme nos mémoires, doivent avoir la vérité pour base et pour objet ; la vérité, en ce qui touche les hommes publics, est difficile à trouver, diffi~cile à saisir, surtout quand leur vie s’est passée au milieu des orages de la politique. Je fais donc un appel sincère aux rares contemporains de Condorcet que la mort n’a pas encore moissonnés. Si, malgré tous mes soins, je me suis quelquefois égaré, je recevrai les rectifications (bien entendu les rectifications motivées) avec une profonde reconnaissance. Vous avez peut-être remarqué que j’ai intitulé mon travail Biographie, et non pas, comme d’habitude, Éloge historique. (Test, en effet, une biographie minutieuse, détaillée que j’ai l’honneur de vous soumettre. Sans examiner, en thèse générale, ce que la direction des idées, les besoins de la science pourront exiger de vos secrétaires dans un avenir plus ou moins éloigné, j’expliquerai comment, dans cette circonstance spéciale, l’ancienne forme ne m’aurait pas conduit au but que je voulais, que je devais atteindre à tout prix. Condorcet n’a pas été un académicien ordinaire, voué aux seuls travaux de cabinet ; un philosophe spéculatif, un citoyen sans entrailles ; les coteries littéraires, économiques, politiques, se sont emparées depuis longtemps de sa vie, de- ses actes publics et privés, de ses ouvrages. Personne n’a eu plus à souffrir de la légèreté, de la jalousie et du fanatisme, ces trois redoutables fléaux des réputations. En traçant un portrait que je me suis efforcé