La conduite de Carnot dans les Cent jours me paraissait résumée tout entière et noblement dans ces paroles mémorables que Napoléon lui adressa après la bataille de Waterloo : Carnot, je vous ai connu trop tard !
Mais comme j’écris une biographie et non un panégyrique, je dirai avec franchise que Carnot, comme membre du gouvernement provisoire de cette époque, subit l’influence malfaisante et antinationale du duc d’Otrante, ce qui l’entraîna à donner son adhésion à des mesures marquées au coin de la faiblesse, à des mesures sur lesquelles tout cœur animé de sentiments patriotiques désire jeter un voile épais.
Au surplus, peut-on trop vivement reprocher à Carnot de s’être laissé fasciner par les intrigues de Fouché, lorsqu’on voit Napoléon, malgré les soupçons les plus évidents de trahison, conserver cet homme dans son conseil ?
Parmi des reproches adressés ostensiblement à Carnot, sur cette période de nos annales, il en est un sur lequel je puis donner des explications personnelles. J’ai entendu blâmer vivement l’austère conventionnel d’avoir accepté certain titre de comte de l’empire par bonheur, ma mémoire peut reproduire fidèlement quelques paroles de notre confrère qui éclairent ce point de sa vie, et qui me furent transmises, le jour même, par un officier qui les avait entendues.
On était à table, au ministère de l’intérieur. Une lettre arrive ; le ministre brise le cachet, et s’écrie presque aussitôt « Eh bien ! Messieurs, me voilà comte de l’empire ! Je devine