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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 22.djvu/109

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m’étais tracée ; je marcherai toujours la preuve à la main. C’est ainsi, je crois, qu’il faut louer un géomètre ; je me trompe, c’est ainsi qu’il faudrait louer tout le monde : en voyant combien l’honneur, le désintéressement, le vrai patriotisme sont rares chez les vivants combien, au contraire, d’après les oraisons funèbres, d’après les inscriptions tumulaires, ils auraient été communs parmi les morts, le public a pris le sage parti de ne plus guère y croire, ni pour les uns ni pour les autres.

J’ai lu quelque part que Carnot était un ambitieux. Je ne m’arrêterai pas à combattre cette assertion en forme ; je raconterai, et vous jugerez vous-mêmes.

Le membre du comité de salut public qui, en 1793, organisait les quatorze armées de laRépublique qui coordonnait tous leurs mouvements ; qui nommait et remplaçait les généraux qui, au besoin, comme à Wattignies, les destituait pendant la bataille sous le canon de l’ennemi, n’était que simple capitaine du génie.

Lorsque, plus tard, le conseil des Cinq Cents et le conseil des Anciens de la République de l’an III appelaient unanimement Carnot à faire partie du Directoire exécutif ; lorsque, devenu une seconde fois l’arbitre suprême des opérations de nos armées il envoyait Hoche dans la Vendée, Jourdan sur la Meuse, Moreau sur le Rhin, à la place de Pichegru ; lorsque, par la plus heureuse inspiration, il confiait à Bonaparte le commandement de l’armée d’Italie, notre confrère avait fait un pas, mais un pas seulement il était devenu chef de bataillon à l’ancienneté !

Cet humble grade, Carnot l’avait encore quand le coup d’État du 18 fructidor le chassa de France.