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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 22.djvu/21

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l’entière disgrâce de Vauban, dont Fontenelle eut la prudence de ne pas même citer le titre dans l’énumération des travaux de l’illustre maréchal, Carnot l’appelait un exposé simple et pathétique des faits ; un ouvrage où « tout frappe par la précision et la vérité ». La répartition des impôts, en France, paraît barbare au jeune officier la manière de les percevoir plus barbare encore. D’après lui, le véritable objet d’un gouvernement est d’obliger au travail tous les individus de l’État ; le moyen qu’il indique pour arriver à ce résultat serait (je cite textuellement) de faire passer les richesses, des mains où elles sont superflues, dans celles où elles sont nécessaires. Carnot s’associe sans réserve à ce précepte de Vauban les lois devraient prévenir l’affreuse misère des uns, l’excessive opulence des autres ; il s’élève contre l’odieuse multiplicité des priviléges dont les classes les plus nombreuses de la population avaient alors tant à souffrir ; enfin, après avoir partagé les hommes en deux catégories, les travailleurs et les oisifs, il va jusqu’à dire de ces derniers, dont suivant lui on s’est exclusivement occupé en constituant les sociétés modernes, qu’ils ne commencent à être utiles qu’au moment où ils meurent, car ils ne vivifient la terre qu’en y rentrant. Telles sont, Messieurs, les hardiesses qu’une académie couronnait en 1784; qui dictaient à Buffon, qu’on n’accusera certainement pas d’avoir été un novateur en matière de gouvernement, ces paroles si flatteuses pour le lauréat « Votre style est noble et coulant ; vous avez fait, Monsieur, un ouvrage agréable et utile ; » qui inspiraient au frère d’un roi absolu le désir d’attacher Carnot, dont il se déclarait l’ami, au service de la Prusse ; qui valurent au jeune officier la bienveillance du prince que Worms, Coblentz, peu d’années