Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 22.djvu/25

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effet, tant dans son éloge que dans sa lettre à Montalembert, s’était montré le plus chaud défenseur de l’arme à laquelle il appartenait, et « qui fait profession, disait-il, de sacrifier son temps et sa vie à l’État. » Je le demande, celui-là avait-il donc méconnu les devoirs de sa position qui, appelé à mettre en balance les services de l’officier de troupes et ceux de l’ingénieur auquel est dévolu le dangereux honneur de tracer les parallèles, de commander la tranchée ou de diriger une tête de sape, s’exprimait si noblement « L’officier du génie est au milieu du péril, mais il y est seul et dans le silence ; il voit la mort, mais il faut qu’il l’envisage avec sang-froid ; il ne doit point courir à elle comme les héros des batailles ; il la voit tranquillement venir ; il se porte où la foudre éclate, non pour agir, mais pour observer ; non pour s’étourdir, mais pour délibérer. »

J’aurais peut-être moins longuement insisté, Messieurs, sur ce fâcheux épisode de la vie de Carnot, s’il ne m’avait pas été donné de reconnaître moi-même combien de pareils temps sont loin de nous ; si accompagnant, dans la visite de quelques villes de guerre, nos officiers du génie les plus illustres, je n’avais vu lorsqu’on discutait les améliorations dont ces places semblaient susceptibles, le simple sous-lieutenant opposer vivement et en toute liberté ses idées, ses réflexions, ses systèmes, aux opinions des généraux ne se rendre qu’après avoir été victorieusement réfuté, et sortir définitivement de cette lutte animée, non pas, comme jadis, pour aller à la Bastille, mais avec de nouvelles chances d’avancement.

Ceux à qui est dévolu le devoir de réclamer sans cesse les améliorations dont notre état social est susceptible, se dé-