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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 22.djvu/53

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reux effets ne pouvaient se développer qu’avec lenteur.

Si le temps me le permettait, j’aurais à citer ici, parmi les grands établissements à la formation desquels Carnot contribua, la première École normale, l’Ecole polytechnique, le Muséum d’histoire naturelle, le Conservatoire des arts et métiers ; et au nombre des travaux qu’il encouragea de son suffrage, la mesure de la terre, l’établissement du nouveau système des poids et mesures, les grandes, les incomparables tables du cadastre.

Ce sont d’assez beaux titres, Messieurs, pour une ère de destruction.

La Convention mit aux mains de Carnot la masse colossale mais incohérente de la réquisition. Il fallut l’organiser, la discipliner, l’instruire Carnot en tira quatorze armées. Il fallut lui créer des chefs habiles ; notre confrère savait, avec certain général athénien, que mieux vaudrait une armée de cerfs commandée par un lion qu’une armée de lions commandée par un cerf ; Carnot fouilla sans relâche la mine féconde, inépuisable des sous-officiers ; comme je l’ai déjà dit, son œil pénétrant allait dans les rangs les plus obscurs chercher le talent uni au courage, au désintéressement, et l’élevait rapidement aux premiers grades. Il fallut coordonner tant de mouvements divers ; Carnot, comme l’Atlas de la fable, porta seul, pendant plusieurs années, le poids de tous les événements militaires de l’Europe il écrivait lui-même, de sa main, aux généraux il leur donnait des ordres détaillés où toutes les éventualités étaient minutieusement prévues ; ses plans, celui qu’il adressa à Pichegru par exemple, le 2 ventôse an II, semblaient le fruit d’une véritable divination. Les faits vinrent tellement