Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 22.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de bataille, il est vrai, les armées impériales et les armées républicaines se précipitaient sur l’ennemi avec la même intrépidité hors de là, tout était différent. Le soldat de l’Empire ne voyait la patrie que dans l’armée ; c’était pour l’honneur, pour la gloire de l’armée qu’il répandait son sang à Wagram, à Sommo-Sierra, à la Moscowa. Le soldat de la République se battait pour le pays l’indépendance nationale, telle était surtout la pensée qui l’animait pendant le combat ; les récompenses, il n’y songeait seulement pas.

Suivez ces mêmes soldats dans la vie privée, et vous verrez ces dissemblances se continuer. L’impérialiste reste soldat par ses sentiments et par ses manières ; le républicain, confondu dans la masse de la population, ne se distingue bientôt plus d’un artisan, d’un laboureur qui n’aurait jamais quitté l’atelier ou la charrue.

Ce sont ces nuances, habilement saisies, artistement reproduites qui, dès le premier jour, ont si vivement frappé le public dans l’admirable fronton de notre David.

Je ne puis pas me résoudre à voir le général Carnot dans un personnage à culottes courtes et à bas bleus, me disait, un jour, dans la bibliothèque de l’Institut, certain officier de l’Empire connu par sa valeur brillante. J’insiste. Eh ! bien, soit, ajouta-t-il les bas bleus peuvent aller à un général qui n’a pas reçu le baptême du feu ! Hier encore, avec moins de rudesse, il est vrai, dans les termes, un de nos confrères reproduisait devant moi la même pensée. Je remplirai donc un devoir en prouvant que, dans l’occasion, l’homme aux bas bleus savait bravement payer de sa personne.

Le prince de Cobourg, à la tête de soixante mïlle hommes,