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SUR LES INONDATIONS SOUTERRAINES

lavage du grand égout les eaux qui avaient été rassemblées, à cet effet, dans le réservoir établi à son origine.

Nous avons rappelé cet établissement dû sur-tout à la prévoyance de M. Turgot ; parce que c’est aux améliorations que la salubrité publique en retira, qu’on doit attribuer la nouvelle extension que prit la ville de Paris, vers la fin du siècle dernier, dans les terrains de la Grange-Batelière, des Porcherons, de la Ville-l’Évêque et du Roule ; extension par suite de laquelle les anciens marais de ces quartiers se sont transformés en jardins d’agrément, dont la plupart ont été exhaussés par des terres rapportées, pour les mettre à-peu-près de niveau avec les rues adjacentes, car ces rues forment toutes, comme on sait, des chaussées plus ou moins élevées au-dessus du sol naturel de la plaine.

Ce que nous venons de rapporter des divers changements faits au grand égout, suffit pour rendre facile à concevoir ce qui dut arriver, et ce qui arriva en effet, lorsqu’à une simple tranchée creusée jusques alors en pleine terre et dans laquelle s’étaient rendues les eaux pluviales qui descendaient des hauteurs voisines de Paris, on eut substitué un aqueduc voûté, en saillie de plusieurs mètres au-dessus du terrain. Ces eaux, lorsqu’elles tombaient abondamment, devaient être arrêtées par cette espèce de digue, et demeurer stagnantes sur le sol pendant un temps plus ou moins long, jusqu’à ce qu’elles se perdissent par une infiltration lente, ou qu’elles se dissipassent par l’évaporation.

Les rues nouvelles dont ces marais furent entrecoupés, ajoutèrent, par leur élévation au-dessus du terrain, de nouveaux obstacles au libre écoulement des eaux pluviales, et divisèrent ces marais en plusieurs compartiments qui