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cccxviij
éloge de m. de beauvois.

adressait à son maître, M. de Jussieu, par les vaisseaux qu’il rencontrait.

On arriva enfin aux lieux où il espérait en faire d’infiniment plus riches. Les navires entrèrent le 17 novembre dans la rivière de Formose, et furent accueillis par les habitants d’Oware avec la plus grande cordialité ; mais à peine les nouveaux colons furent-ils débarqués, qu’ils s’aperçurent d’une manière bien cruelle qu’il ne suffit pas pour s’établir solidement en Afrique d’être appelés par les rois nègres et bien reçus par leurs sujets.

Tous ces inconvénients, auxquels on songe si peu quand la soif de l’or ou l’ardeur des découvertes entraînent dans des climats lointains, s’accumulèrent sur eux. La chaleur les brûlait le jour ; l’humidité froide leur était insupportable la nuit ; le sommeil ne pouvait calmer leurs souffrances : couchés sur un sol humide, des rats énormes se jouaient sur leurs corps, et dévoraient leurs provisions ; les maringouins les ensanglantaient par ieurs piqûres. Les nègres, accoutumés à ces incommodités, n’imaginèrent pas qu’on eût besoin de s’en garantir ; à peine donnèrent-ils quelques secours. Le prince Bondakau, sur la protection duquel on avait fondé des espérances si flatteuses, honteux de n’être plus qu’un homme du commun, évitait tant qu’il pouvait ses anciens amis de France. Quand ses vêtements d’Europe furent usés, il reprit toutes ses habitudes ; il oublia en peu de temps ce qu’on lui avait enseigné de français. Bientôt les inondations que chaque marée produisait sur le sol de l’établissement, l’odeur empestée de la vase qui encombrait les bords de la rivière, menacèrent de fléaux plus funestes que les premiers. Cette maladie, si cruelle pour les Européens dans