Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 4.djvu/349

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éloge de m. de beauvois.

dans ce pays où quelques semaines auparavant il avait été revêtu d’une sorte de caractère diplomatique, fut de se louer comme musicien à un homme qui donnait à Philadelphie un spectacle d’équitation et de danseurs de corde. Encore, dit-il dans ses notes ; si les spectateurs se fussent connus en musique ! mais lorsqu’on leur donnait de belles symphonies d’Haydn, la populace du paradis accablait les musiciens de pommes cuites et d’ordures pour avoir Malbroug ou d’autres airs pareils. Mais dans toutes les situations les sciences consolent ; partout où il y a des hommes éclairés, elles soutiennent. Un médecin quaker, instruit en histoire naturelle, le docteur Wistar, accueillit le malheureux naturaliste français avec la charité si vive dans sa religion en même temps qu’avec l’intérêt qu’inspiraient tant de souffrances endurées pour les sciences. M. Peale, peintre, qui avait établi à Philadelphie un cabinet de curiosités, fut bien aise de le faire mettre en ordre par un naturaliste européen ; et à peine M. de Beauvois eut-il trouvé ainsi à réunir quelques chétives économies, qu’il recommença à faire des courses et à recueillir les productions de ce troisième climat avec autant de courage que si déja deux fois il n’avait vu détruire les résultats de ses travaux.

Qui n’aurait été touché d’une telle résignation et d’une ardeur si inaltérable ? Et pouvait-on, avec un tel homme, songer au parti qu’il avait suivi ?

Le nouveau ministre de France, M. Adet, ne le pensa point. Savant distingué lui-même, dans un savant courageux, dans un ancien correspondant de l’Académie des Sciences, il ne vit qu’un Français ; et, en attendant que sa