Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 5.djvu/73

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les urines rouges et foncées, avec dureté et fréquence du pouls, qui est plus ou moins serré et avec quelques inégalités et des intermittences.

Ces symptômes annoncent l’entérite la plus vive et la gangrène des intestins lorsque le pouls devient mou, que les douleurs cessent. Il s’établit souvent alors un dévoiement de matières liquides d’un jaune plus ou moins noirâtre.

Tels sont les symptômes principaux de l’entérite dans les fièvres bilieuses.

On s’est convaincu, par l’ouverture des corps que les intestins grêles étaient d’un rouge violet, souvent gangrenés percés en divers endroits de leur étendue ; que quelquefois aussi les gros intestins étaient en un pareil état, et les uns et les autres contenant des matières muqueuses, albumineuses, provenant de la membrane interne, mêlées avec une plus ou moins grande quantité d’une humeur jaunâtre ou noirâtre bilieuse. L’estomac, dans de pareils sujets, était aussi souvent enflammé et contenait de pareilles humeurs.

On a remarqué, en même temps, que le foie était plus ou moins affecté, et que la vésicule du fiel était pleine d’une bile noirâtre de la même nature que celle qui était contenue dans l’estomac et les intestins ; de sorte qu’il ne pouvait y avoir aucun doute qu’elle n’y eût découlé par le canal cholédoque, et qu’elle n’eût été la cause matérielle de l’entérite, ou du moins qu’elle n’y eût beaucoup concouru, étant d’une extrême âcreté, telle, que, pendant le cours de la maladie, ceux qui en étaient morts avaient rendu une pareille humeur par les selles, et quelquefois par le vomissement qu’ils s’étaient plaints d’éprouver de fortes cuissons au fondement, et qu’ils y avaient eu des excoriations remarquables tout prouvait que la bile avait corrodé les parties qu’elle avait touchées.

Les anatomistes qui avaient plongé leurs doigts dans cette