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histoire de l’académie,

Les recherches les plus récentes de M. Fresnel ont pour objet l’expression mathématique des lois de la double réfraction dans tous les cristaux, celle de la quantité de lumière réfléchie par les corps transparens sous les diverses incidences, enfin un genre de polarisation très-différente de celle que l’on a considérée jusqu’ici et dont les caractères ne sont ni moins généraux ni moins constans.

Une des applications les plus récentes de l’étude des propriétés de la lumière, est celle que l’on fait aujourd’hui en France dans l’établissement des phares dioptriques. Nous appelons ainsi ceux où la lumière du foyer n’est point réfléchie, mais transmise par des lentilles de verre qui rendent les rayons parallèles.

La flamme se trouve placée au centre du système de huit lentilles semblables, et le système entier tourne sur son axe, en sorte que tous les points de l’horizon sont successivement éclairés. La lumière paraît alternativement plus vive et plus faible ; cette intermittence d’éclat, d’affaiblissement, ou de disparition, diversifie et signale les feux. M. Fresnel est parvenu à former des lentilles de grandes dimensions, en les composant de plusieurs parties ; et il supprime toutes les épaisseurs qui ne pourraient que contribuer à la déperdition de la lumière, disposition remarquable que Buffon a employée le premier.

Il était nécessaire sur-tout de placer au foyer une lumière extrêmement vive. MM. Arago et Fresnel ont inventé pour cela une lampe à flammes concentriques, dont la lumière équivaut peut-être à celle de cent cinquante bougies. Les dernières expériences ont prouvé que ces phares, même dans des temps assez peu favorables, sont facilement aperçus à plus de huit lieues de distance. Tel est l’éclat des feux, que, même avant la fin du jour, ils ont pu être employés comme signaux dans une opération géodésique due à MM. Arago