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histoire de l’académie,

générale, qui, regardant le cœur comme le bois dans son état de perfection, le considère comme le plus lourd.

Il a profité de l’occasion d’une palissade de thuias d’Orient qu’on a été obligé d’abattre, pour multiplier ses recherches à ce sujet ; mais il a trouvé que dans cet arbre, où le cœur était bien distingué par une couleur fauve, de l’aubier qui était blanc, celui-ci plongeait comme étant gorgé de sucs, tandis que le cœur non-seulement surnageait de plus d’un tiers de sa longueur, mais était tellement sec, qu’il brûlait rapidement en flambant et répandant une odeur très-agréable, en sorte qu’il était à l’état de bois mort. Il a constaté que cela avait lieu dans toutes les saisons de l’année, été comme hiver. Ces observations l’ont conduit à expliquer comment un de ces thuias, à qui l’on avait enlevé une ceinture complète d’écorce, a pu végéter pendant dix ans ; la couleur blanche de l’aubier, maintenue sous une couche fauve de bois mort, indiquait la route de la séve.

Malgré les exemples nombreux recueillis par tous ceux qui ont écrit sur la physiologie végétale, beaucoup de personnes répugnent à croire que non-seulement les arbres écorcés peuvent, comme ce thuia, vivre plusieurs années, mais que, dans des circonstances particulières, ils peuvent réparer complètement leur écorce. On avait rangé parmi les fables ce que Frisch racontait dans les Miscellanea de Berlin, an 1723, qu’un seigneur qui aimait à soigner lui-même les arbres fruitiers, n’hésitait pas à leur enlever totalement leur écorce, quand elle devenait trop raboteuse, depuis l’origine des branches jusqu’à celle des racines, sûr que, sans mettre aucun enduit, elle se réparerait, pourvu qu’il prît une saison favorable, le milieu de l’été : cette assertion avait été peu répandue à cause de la répugnance qu’on avait à y croire ; en sorte que ce n’est qu’après avoir réussi que M. du Petit-Thouars a appris qu’il ne faisait que confirmer cette décou-