cultés, l’hypothèse de Laplace demeure victorieuse ; elle s’imposerait même, dans ses grandes lignes tout au moins, si notre système solaire constituait à lui seul tout l’Univers. Mais depuis Laplace, nos connaissances astronomiques se sont prodigieusement agrandies. De son temps, une étoile dans le ciel n’était qu’un point sur la sphère céleste ; ses deux coordonnées, et sa parallaxe quand on pouvait la déterminer, c’est-à-dire trois constantes au plus pour chaque astre, voilà tout ce que nous donnait l’observation. C’était l’époque de l’Astronomie mathématique, qui a permis tout de même de belles découvertes et qui a pu nous renseigner notamment sur le déplacement propre de notre système solaire. Mais aujourd’hui, grâce à l’Analyse spectrale, ce ne sont plus deux ou trois constantes, c’est toute une fonction définissant le spectre de l’étoile, que nous permet d’atteindre l’observation. À côté de l’Astronomie de position est venue se placer l’Astronomie physique, qui nous donne les renseignements les plus précieux sur la constitution chimique, la composition minéralogique des étoiles et des nébuleuses, sur les étoiles multiples, colorées et variables, sur leur déplacement dans le ciel, sur leurs mouvements en profondeur. Nous sommes au début seulement de ces études si attrayantes, et déjà les résultats obtenus ont suscité des hypothèses cosmogoniques, présentées par une foule de savants : Helmholtz, Lord Kelvin, Sir Norman Lockyer, Schuster, Arrhénius, Kapteyn, Sée, Schiaparelli. Toute conclusion serait prématurée, et Poincaré n’en donne aucune ; mais il fallait un savant tel que lui pour suivre, avec autant de pénétration, ces discussions qui exigent la réunion des connaissances du géomètre, du physicien et même du géologue.
J’arrêterai là, mes chers Confrères, l’analyse bien sommaire que j’ai pu vous faire des travaux que Poincaré a publiés en Mathématiques