de Curie, de Brouardel, de Laguerre, de Cornu, d’Hermite, d’Halphen, de Tisserand, de Joseph Bertrand, de Berthelot, de Faye, de Potier, de Weierstrass, de Lord Kelvin, de Loewy, des Polytechniciens du XIXe siècle. Son style laisse transparaître les idées avec une netteté parfaite, rien n’y sent l’emphase, ni la littérature d’imitation. C’est à la réflexion seulement qu’on reconnaît la parfaite concordance de la forme avec le fond, qui seul préoccupe l’écrivain. On y rencontre pourtant, presque à chaque page, de ces phrases lapidaires que leur forme grave pour toujours dans l’esprit. Souvent, il arrive aussi que quelque boutade spirituelle, quelque vérité énoncée sous une forme paradoxale, vient surprendre le lecteur et fait d’autant plus d’effet qu’elle était moins attendue.
Poincaré, d’ailleurs, se dépeint souvent lui-même ; et nous apprend à le mieux connaître, dans les appréciations qu’il mêle à son récit.
Le savant digne de ce nom, le géomètre surtout, nous dit-il, éprouve en face de son œuvre la même impression que l’artiste ; sa jouissance est aussi grande et de même nature. Si je n’écrivais pas pour un public amoureux de la Science, je n’oserais pas m’exprimer ainsi ; je redouterais l’incrédulité des profanes. Mais ici, je puis dire toute ma pensée. Si nous travaillons, c’est moins pour obtenir ces résultats positifs auxquels le vulgaire nous croit uniquement attachés, que pour ressentir cette émotion esthétique et la communiquer à ceux qui sont capables de l’éprouver[1].
Ainsi s’écoulait la vie d’Henri Poincaré, au milieu de ses amis, au sein d’une charmante famille qui s’ingéniait à lui épargner toute préoccupation et tout souci.
Mme Poincaré appartient, par ses origines du côté maternel, à notre monde scientifique. Elle est la petite-fille d’Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, l’arrière-petite-fille d’Étienne Geoffroy-Saint-Hilaire qui
- ↑ Notice sur Halphen (Journal de l’École Polytechnique, 60e cahier).