lité. Cette importante question qui, depuis Haller, divisait les physiologistes, se trouve ainsi très élégamment résolue. L’upas antiar, au contraire, tue directement les fibres musculaires et d’abord celles du cœur. L’oxyde de carbone altère les globules rouges du sang sans en changer la couleur, en chasse l’oxygène auquel il se substitue, et provoque ainsi une asphyxie d’ordre chimique. Pour l’étude des diverses sortes de cellules qui composent le corps de l’animal, les poisons, par leur action élective, offrent donc le moyen le plus délicat et le plus sûr de dissociation et d’analyse, en permettant d’y pénétrer plus profondément que par les grossiers instruments de l’anatomiste. C’est une méthode nouvelle, qui ouvre une voie féconde aux investigations. « En étudiant attentivement le mécanisme de la mort dans les divers empoisonnements, dit l’auteur, le physiologiste s’instruit, par voie indirecte, sur le mécanisme de la vie. »
Les quatre groupes de travaux dont on vient de résumer les principaux, ceux qui sont véritablement de premier ordre et qui ont fait la gloire de Claude Bernard, en renferment beaucoup d’autres de moindre portée, mais qui auraient suffi à la réputation de plusieurs physiologistes. Citons seulement ses études sur le suc gastrique, sur les glandes salivaires et les diverses sortes de salive, sur les phases d’activité et de repos des diverses glandes, sur le nerf spinal, sur le nerf trijumeau, sur le nerf facial, sur le nerf oculo-moteur commun, sur la corde du tympan, sur le nerf pneumo-gastrique dont la section accélère les mouvements du cœur, tandis que l’excitation du bout central les arrête, sur les conditions de la sensibilité récurrente, sur les anesthésiques, sur les alcaloïdes de l’opium, sur le sang considéré comme un milieu intérieur où baignent et se nourrissent toutes les cellules, etc. On le voit, Claude Bernard a fait sienne la Physiologie animale tout entière.
Pour bien comprendre ce magnifique ensemble de découvertes, il faut se représenter le maître à l’œuvre dans son laboratoire ou dans sa chaire du Collège de France, véritable annexe du laboratoire, où il